Le photographe José Roberto Bassul ne cesse de se réinventer. Carioca, il déménage encore adolescent à Brasília et, à travers l’objectif d’un appareil photo, tombe amoureux des lignes de la capitale. Il décide de poursuivre sa formation en architecture, d’en faire sa carrière et ce n’est qu’après sa retraite qu’il retrouve son ancienne passion: la photographie. Après si longtemps en dehors du marché de l’art, si son regard s’est enrichi, la technologie et le marché étaient différents, et Bassul doit se réinventer. Il suit des cours, participe à d’innombrables festivals de photographie et, avec une grande générosité, il échange avec d’autres photographes et conservateurs.
Dans l’évolution de l’œuvre de Bassul, ses images en noir et blanc se diluent. Il filtre progressivement les bruits des images et profite de ses silences. Dans l’une de ses premières séries, «Paysage Concret» (qui est devenu un livre), nous voyons des détails géométriques de la ville, des bâtiments qui découpent le paysage urbain. Nous passons d’une observation attentive des éléments extérieurs des façades des bâtiments, par opposition au ciel, à une étude travaillée des parcelles et des textures dans sa série « Concret Abstrait ». Ici, le contraste du noir et du blanc nous fait perdre toute référence et nous nous concentrons uniquement sur les motifs. L’étape suivante consiste à supprimer les derniers détails les plus dramatiques pour accéder à l’essentiel. Dans «Poésies Minimes» et «Presque Rien», Bassul réduit le contraste vif, dilue les couleurs et atteint une simplicité silencieuse qui se résume à ce qui est nécessaire pour cette image, donnant de la force à son travail.
En pleine production de son deuxième livre, le virus Covid19 apparaît dans le monde. Et qu’est ce que peut faire un photographe urbain en période de confinement? Sans pouvoir parcourir la ville et limité par l’espace intérieur de la maison? Se réinventer une fois de plus. Avec l’impossibilité du déplacement, le photographe est obligé à chercher un autre regard. Et donc la série «Il y a de la vie là-bas» apparaît. Regardant à travers l’œil de judas, seule ouverture sur le monde extérieur, Bassul photographie ceux qui entrent dans le couloir de son immeuble. De la ville ouverte, nous passons aux détails de ce nouveau monde fermé.
Comme auparavant, Bassul continue de photographier l’espace, et notre relation avec celui si, sauf que maintenant plus limité aux nouvelles règles de distance sociale. Et ensemble avec le photographe, on espionne aussi: les masques, les gants, les personnages qui entrent dans ce nouvel univers pandémique. Ce sont des images d’un monde à découvrir.
La plupart de mon travail photographique est motivé par l’idée, du constructivisme, que l’art devrait être accessible à tous, n’importe où. J’essaie de transposer le monde objectif et concret au monde subjectif et sensible, et ainsi encourager les gens à réfléchir sur le quotidien. Mais cela est devenu impossible pendant la pandémie. Pendant le confinement, j’ai remarqué que ce monde concret était également fendu. Et que la frontière entre les parcelles fendues de ce monde physique était derrière ma porte d’entrée. Et la porte de la maison dispose d’un appareil optique qui, comme la caméra, permet la médiation entre les mondes. Du coup j’ai commencé à photographier. – José Roberto Bassul
Le moment que nous passons bascule le monde entier. Nous, créatifs, artistes, sommes en première ligne. Nous avons le devoir d’aider à travers notre art et mettre en évidence les changements de conscience de notre temps. Le projet d’ Iandé « Confinés » (disponible sur instagram et youtube), est une collection de courtes vidéos qui montrent des photographes qui ont travaillé pendant la pandémie au-delà de leurs refuges. En permettant ainsi un dialogue créatif qui nous aide à comprendre les nouveaux temps. La première vidéo a été faite avec le photographe João Luiz Bulcão.