Carlos Moreira. Le Brésil vient de perdre un grand photographe :
Certaines photographies sont toujours en attendant d’un rencontre parfait avec l’objectif d’un grand photographe.
Carlos Moreira, pour moi, est l’un de ces grands, un maître qui a appris à regarder à beaucoup de gens.
J’ai l’impression qu’il n’est jamais rentré à la maison les mains vides, dans ce planche contact, on pourrais trouver , la scène parfaitement capturée. Le corps pris dans le saut de rares équilibres. Nous trouvons aussi une lumière vive accentuant le mouvement, dans une poésie géométrique quotidienne.
Je pense aux dizaines de photographies qui ont été perdues à jamais, car ce jour-là, il est resté à la maison, reposant son regard habitué à regarder.
Carlos Moreira nous quitte pour toujours, mais il nous a laissé surtout l’envie de sa photographie, du bon vieux temps, du swing, du laboratoire, de la simplicité. Un temps où il fallait réfléchir avant de cliquer.
A travers chaque photo de Carlos Moreira, nos yeux glissent verticalement, font des courbes, s’arrêtent dans les escaliers ou redescendent calmement pour trouver le sujet. Simple ou composé, mais toujours en bonne compagnie avec la géométrie et l’horizon. La ville en arrière-plan avec ses formes géométriques soutient l’émotion d’un Brésil nostalgique. Lorsque son travail a gagné de la couleur, il nous a épaté encore une fois utilisant une autre forme de composition, comme si la rue avait sa propre direction artistique.
Professeur, brésilien, discret, Carlos Moreira termine sa belle carrière avec générosité. Il nous a donné une belle exposition l’année dernière à Bahia. Et une autre à l’Armazém 11 à Santos.
Plonges mon garçon ! Plonges – toi pour toujours dans notre mémoire, dans cette mer de Santos. Nous savons Carlos, que tu as attendu les mois d’avril et mai, les beaux jours, pour nous quitter, et partir en silence.
Ces beaux jours aussi d’un autre poète dénommé Carlos Drumond de Andrade. Les beaux jours doivent vous attendre là-haut.
Carlos Moreira, photographe brésilien et enseignant est décédé jeudi 11 novembre, à 83 ans, à São Paulo, victime de complications dues au cancer.
Né à São Paulo, en 1936, il commence à photographier en 1964, après avoir vu l’œuvre d’Henri Cartier-Bresson, son grand inspirateur.